Prix CArCoB 2017 - Rapport du jury

Le Jury, désigné au sein du Comité scientifique du CArCoB, a examiné cinq travaux soumis à son appréciation pour l’attribution du prix bisannuel 2017.

Il s’agit de :

  • François BELOT, Quelle marge de manœuvre pour un ministre communiste belge ? Le cas de Jean Terfve, ministre de la Reconstruction (1946-1947), Mémoire de Master, ULB, 2016-2017.
  • Luis Angel BERNARDO Y GARCIA, Le Ventre des Belges. Une histoire alimentaire des temps d’occupation et de sortie de guerre (1914-1921 & 1939-1948), in Studies in Belgian History, 4, Archives générales du Royaume, Bruxelles, 2017.
  • Robin BRUYÈRE, Travail syndical et influence du Parti Communiste de Belgique au sein de la FGTB liégeoise dans les années 1970 et 1980, Mémoire de Master, ULiège, 2016-2017.
  • Simon HUPKENS, La Ligue révolutionnaire des travailleurs (LRT), 1971-1984, in Courrier hebdomadaire du CRISP, n°2335-2336, 2017.
  • Sven TUYTENS, Les Mamàs Belgues. Une història de dones valentes i solidàries, Film documentaire.

Tous les membres du jury soulignent le côté attachant, original et intéressant du documentaire de Sven TUYTENS. Mais ils sont d’accord pour estimer que ne reposant pratiquement que sur un seul témoin, sans présentation plus développée des mamàs elles-mêmes, peu appuyé sur la documentation du CArCoB, le travail ne peut concurrencer les autres candidatures.

La monumentale étude d’Angel Luis BERNARDO Y GARCIA force l’admiration unanime. L’ampleur de la documentation explorée, l’aridité de certaines sources surmontée avec brio, l’étendue chronologique du sujet, les questions capitales et originales qu’il pose, font de ce travail une contribution essentielle pour l’histoire économique et sociale de la première moitié du XXème siècle en Belgique. Il a d’ailleurs été remarqué et primé pour ces qualités et édité. La seule nuance apportée est l’absence relative de l’avis de ceux qui ont vécu les événements rapportés. Mais l’argument essentiel qui émane des remarques du jury est que, malgré l’originalité absolue, et même la révélation de la politique menée par le ministre Lalmand, secrétaire général du PC, cet éclairage ne concerne qu’une très faible partie de l’ouvrage, dont le poids principal est ailleurs.

Le travail de François BELOT réunit toutes les qualités répondant aux exigences du Prix. Le jury en souligne la lisibilité, la structure claire, la problématique bien rencontrée, l’insertion dans le contexte bien posé. L’effort fourni pour étoffer les sources, relativement limitées, n’a malheureusement pas donné les résultats escomptés et l’heuristique du travail se situe à un degré moindre des autres mémoires de Master présentés. Sans doute la quête de témoignages sur le cabinet et l’administration que dirigeait le ministre n’a pas répondu aux espoirs. Les personnalités de René Noel, de Pierre Seigneur, des dirigeants de la CNPPA n’ont pas été suffisamment interrogées pour reproduire l’environnement de l’activité du ministre, dont les archives sont très lacunaires. Le travail mérite l’élaboration d’un solide article de revue.

Le travail de Simon HUPKENS réunit une série de qualités évidentes. L’auteur a réussi à donner un tableau clair et très bien déroulé d’une histoire souvent chaotique du mouvement trotskyste. La bibliographie est complète. Il réussit donc la difficile synthèse dans un exposé qui demeure cependant très factuel. Il a gardé la distance critique qui témoigne d’une grande maturité intellectuelle et son engagement n’a pas empêché de porter un regard critique très acéré. Le jury regrette cependant l’absence d’une approche prosopographique des militants cités.

Le travail de Robin BRUYÈRE déploie une problématique et un questionnement d’une très grande ampleur, qu’il aborde au travers d’une enquête minutieuse portant sur les textes et les témoignages. Il donne la parole à ceux qui ne l’ont que rarement et sauve de la sorte la trace d’acteurs de terrain, le plus souvent négligés par l’histoire des organisations. Il définit ainsi des types d’engagements qui varient selon les options politiques et idéologiques et, montre-t-il, également à l’intérieur d’un même parti. Il pose parfaitement l’évolution des générations. Il ose aborder la question d’un « ethos » des militants communistes et en constate la variété. Il établit le lien entre les gens qui pensent et les gens qui font, allant ainsi au cœur de la question : « qu’est-ce que la politique ? ». Son engagement personnel qui affleure sans hypocrisie, ne compromet en rien son analyse. (Eric Geerkens, promoteur de ce travail de master s’est abstenu dans la discussion de ce dossier).

Au terme d’un débat difficile, la majorité a désigné Robin Bruyère comme lauréat du prix.

Le Jury du Prix CArCoB 2017 :
Paul Aron, Directeur de recherches FNRS, Professeur à l’ULB.
Eric Geerkens, Professeur à l’Université de Liège.
José Gotovitch, Professeur (hon) à l’ULB, membre (ém) de l’Académie royale de Belgique, président du Conseil scientifique du CArCoB.
Jules Pirlot, Professeur d’histoire, retraité de l’Enseignement communal liégeois, président du CArCoB.
Daniel Rochette, Professeur d’histoire retraité de la Fédération Wallonie Bruxelles.
Anne Roekens, Professeur à l’Université de Namur.

 

 
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