BLUME Isabelle

GRÉGOIRE Isabelle, épouse BLUME (1892-1975)
par José Gotovitch

 
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Baudour (aujourd’hui commune de Saint-Ghislain, pr. Hainaut, arr. Mons), 22 mai 1892 - Bruxelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), 12 mars 1975. Dirigeante des Femmes socialistes, députée de l’arrondissement de Bruxelles, conseillère communale socialiste puis communiste à Hornu (aujourd’hui commune de Boussu, pr. Hainaut, arr. Mons), membre de la présidence du Conseil mondial de la paix, épouse de David Blume, mère de Jean Blume.

Le père d’Isabelle Grégoire est pasteur à Dour (pr. Hainaut, arr. Mons) et Herchies (aujourd’hui commune de Jurbise, pr. Hainaut, arr. Mons) après avoir longtemps œuvré à Cuesmes (aujourd’hui commune de Mons, pr. Hainaut, arr. Mons). Sa mère est la fille d’un paysan flamand venu s’installer dans la région. La maison est largement ouverte aux mineurs. Il leur apprend à lire dans la Bible et dans le Catéchisme du peuple d’Alfred Defuisseaux*. À la table familiale, I. Grégoire entend évoquer le massacre des Arméniens, la guerre des Boers, la grève générale de 1902 en faveur du suffrage universel. Les étrennes familiales passent souvent dans l’aide à toutes ces causes. Elle grandit ainsi dans une atmosphère chrétienne, d’esprit internationaliste et socialiste.

Ayant décroché le diplôme de régente littéraire à Liège en 1911, Isabelle Grégoire suit, pendant un an, les cours de théologie à Genève. Elle se prépare à la vie de femme de pasteur car elle épouse en 1913 David Blume, pasteur protestant. Le couple s’installe à Dour. Étroitement associée à l’action de son mari, Isabelle tient l’école du dimanche. Avec d’importantes difficultés matérielles, la guerre leur apporte un enfant, Jean, et un surcroît de travail social et éducatif. David Blume est membre du Comité local de secours et d’alimentation. Il est également impliqué dans les réseaux de renseignements alliés, ce qui lui vaut quelques perquisitions liées à l’affaire Edith Cavell.

La fin de la guerre marque un premier grand tournant. Un second enfant naît en 1918. Mais surtout, ne trouvant pas d’emploi au Borinage, Isabelle Blume suit une formation accélérée d’assistante sociale à Bruxelles. Elle fait connaissance, à cette occasion, avec l’École ouvrière supérieure (EOS), donc le milieu socialiste bruxellois. Mais c’est comme professeur d’histoire qu’elle est finalement engagée à l’école des Marronniers, institution protestante américaine fréquentée par les enfants de la Haute société protestante bruxelloise. À la même époque, son mari démissionne de l’église, après avoir vainement tenté de faire adopter par celle-ci la convention de Washington, comme base de sa doctrine sociale.

Le couple Blume émigre définitivement à Bruxelles en 1922. Très rapidement, I. Blume est intégrée au monde de l’EOS où elle donne cours, et de la Centrale d’éducation ouvrière, où elle assume des tâches de secrétariat. Elle y côtoie Henri De Man*, dont la rencontre a déterminé son adhésion au parti, mais aussi Arthur Jauniaux* et Joseph Wauters*. Tous trois patronnent l’ascension militante de la jeune femme.

Le 18 janvier 1923, Isabelle Blume signe son premier éditorial dans Le Peuple : c’est un appel aux jeunes, à la paix, qui fait écho dans un style résolument pacifiste à l’occupation de la Rhénanie par les troupes franco-belges. Quelques années plus tard, elle défend cette ligne antimilitariste dans un discours du 11 novembre qui lui vaut, après protestation de parents choqués, d’être mise devant le choix : l’école ou le parti. Elle choisit et la voilà définitivement, à 36 ans, professionnelle de l’action politique.

 

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