Le CArCoB a le plaisir de vous informer que le fonds d’archives de la journaliste Jurgita Smolski a été inventorié. L’inventaire est accessible via notre catalogue en ligne Pallas ou sur le lien en dessous de cet article. Le fonds intéressera particulièrement celles et ceux qui cherchent des informations relatives à la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale et aux activités d’une journaliste du quotidien du Parti communiste belge, le Drapeau Rouge.
Jurgita Smolski, aussi appelée Georgette, est la fille d’un homme politique lituanien exécuté en 1919 par les Corps Francs. Née à Verviers le 8 février 1920, elle emménage à Bruxelles avec sa mère en 1926. C’est à l’ULB qu’elle débute des études d’histoire, où elle prendra contact avec des groupes étudiants de gauche, et entrera aux Etudiants socialistes unifiés (ESU), dont elle a raconté ses mémoires dans un ouvrage édité par le CArCoB (SMOLSKI Jurgita, Engagés volontaires : dix U.L.Bistes dans notre mémoire, Bruxelles, CArCoB, 2010).
Au début de la Seconde Guerre mondiale, elle plonge dans l’appareil clandestin du PCB, en hébergeant chez sa mère le rédacteur en chef du Drapeau Rouge, Pierre Joye, dont elle devient la courrière sous le nom de « Carine ». En octobre 1941, elle adhère au PCB, mais de jour, elle est enseignante à Decroly. Après l’arrestation de Pierre Joye en 1943, elle reste courrière de l’appareil central du parti. Elle recevra la Médaille Verhaegen de l’ULB pour son action dans la Résistance après la Libération. Dans ses archives, Jurgita Smolski a laissé un ensemble de notes manuscrites racontant ce parcours particulier.
Après la guerre, Jurgita devient journaliste pour le Drapeau Rouge et pour Front, l’organe du Front de l’Indépendance, notamment pour la rubrique « Arts, sciences et lettres ». Entre 1948 et 1950, elle publie aussi une série d’articles sur la Pologne dans l’ancien journal franco-tchécoslovaque communiste Parallèle 50. Quelques archives de ces activités ont été conservées.
Sa vie prend un nouveau tournant en 1948, lorsqu’elle se marie à un attaché hongrois à la légation de Varsovie, Ferenc Majoros. Elle décide de le suivre en Hongrie, où elle passera huit années. Elle adhère au PC hongrois en juillet 1948 et devient correspondante particulière pour le Drapeau Rouge et, plus périodiquement, pour Front. Elle envoie à ces journaux de nombreux articles, sous ses multiples pseudonymes (Carine, Anne Vincent, Claire Vincent, Anne Roland), portant sur les questions politiques, sociales, économiques et culturelles en Hongrie. Ce sont principalement ces activités dont témoigne le fonds, qui comprend de nombreux brouillons, dossiers documentaires et exemplaires de ces articles. En Hongrie, elle publiera également quelques articles dans des quotidiens hongrois et participera à certaines émissions de radio, comme en attestent quelques documents conservés.
Après son divorce, Jurgita revient en Belgique en 1956 et enseigne l’histoire à Decroly, à l’école normale Berkendael et à l’Ecole européenne, mais elle ne perdra jamais son intérêt pour le communisme. Elle a d’ailleurs conservé des documents de la Commission Nationale des Enseignants Communistes et un ensemble de notes portant sur le communisme. Après sa pension, Jurgita reste active : elle participe à des conférences, elle retranscrit ses mémoires, elle participe à la création de la Fondation Smolski-Geelens visant à aider les étudiants de l’Université de Vilnius à venir étudier à l’ULB, et surtout, elle exerce ses talents littéraires en racontant les histoires de son père et de sa mère dans plusieurs livres, dont le CArCoB dispose de copies. Elle décède le 15 janvier 2012.
Xavier Dabe, étudiant stagiaire de l’UCLouvain