NOUVEAUX VERSEMENTS D’ARCHIVES

L’année 2020 nous a déjà amené son lot d’archives. Parmi les différents versements que nous avons pu recevoir jusqu’à présent, nous pouvons citer les suivants :

  • Archives du Parquet du Procureur du Roi de Bruxelles (copies) provenant de l’OSOBY.
     

    Photographie du "procès du grand complot" prise par le Drapeau Rouge à Bruxelles dans le Palais de Justice, 09/07/1923-23/07/1923, Collections photographiques du CArCoB, PHO 0174Longtemps les plus secrètes parmi les archives secrètes soviétiques, les archives spéciales de l’URSS (OSOBY) comportaient notamment des fonds qui avaient été saisis dans les pays occupés par l’Allemagne nazie. Entre la découverte des archives pillées en Belgique (archives du Ministère de la Défense nationale, du Parti socialiste, du Grand-Orient de Belgique, de diverses organisations et personnalités laïques) et leur restitution aux propriétaires légitimes, en 1992, il se passa plusieurs dizaines d’années.

    Mais avant cela, des missions scientifiques purent avoir accès à certains dossiers et surtout en obtenir photocopie ! [1]

    C’est dans ce contexte que, financé par le FNRS, lors d’un de ses séjours de recherche à Moscou, José Gotovitch obtint de pouvoir faire photocopier quelques dossiers du Procureur du Roi de Bruxelles qui traitaient du Parti Communiste de Belgique et de ses militants, observés et/ou poursuivis par la Justice depuis… 1920 ! Alla Namazova, historienne russe spécialiste de la Belgique, contribua grandement à ce travail par sa connaissance de ce fonds belge. Y figurent notamment des dossiers passionnants du procès en Cour d’assises de 1923 qui tourna au fiasco pour l’accusation de complot contre l’Etat et s’acheva par un acquittement général.

    Bien que ces dossiers de la Justice belge soient désormais accessibles aux Archives de l’Etat, nous pensons que leur consultation au CArCoB garde toute son utilité. Ils nous apportent des éléments uniques et détaillés sur l’organisation et les militants communistes de 1920 à 1924, ainsi que sur les organisations proches comme les groupes « Clarté ».

    L’inventaire se présente sous la forme d’un relevé, qui a été établi par José Gotovitch sur base des cotes originales dressées par l’OSOBY en Russie.

     

  • Archives de Paulette et Paul-Louis Pierson-Mathy (Comité Contre le Colonialisme et l’Apartheid - CCCA)
     

    Photographie prise dans le jardin de Paulette Pierson-Mathy, de gauche à droite : François Houtart, Joaquim Pinto de Andrade, Agostinho Neto et Paulette Pierson-Mathy, 1974, Fondation Agostinho NetoLa récolte et le classement des archives de Paulette et Paul-Louis Pierson-Mathy du Comité Contre le Colonialisme et l’Apartheid (CCCA) se poursuivent. Ce fonds riche et volumineux est en cours de versement depuis 2016 ; il atteint actuellement un volume d’environ 670 boîtes d’archives (80,4 mètre linéaire).

    PIERSON-MATHY Paulette, 1932-. Juriste et professeur à l’ULB. Elle obtient le titre de docteur en droit en 1956 à l’ULB. En 1967, elle est nommée chercheuse au Centre de Droit international et au Centre d’études africaines de l’ULB où elle dispense également des cours. A la suite de contacts établis avec l’ANC à Alger en 1968, elle fonde le Comité Contre le Colonialisme et l’Apartheid (CCCA) (1969-1994), qui a pour but de soutenir les mouvements de libération et antiapartheid à travers le monde, mais dont l’action se concentre surtout sur l’Afrique australe. En 1994, il est renommé en Comité Afrique Australe (CAA), tout en poursuivant son activité jusqu’au début des années 2000. Elle fut accompagnée et soutenue par son mari, Paul-Louis Pierson, tout au long de cette période.

    Les archives concernent principalement les activités du Comité. Elles contiennent donc les études réalisées par le Comité, l’organisation et la participation aux conférences, les communiqués, la correspondance avec les mouvements de libération nationale et de lutte contre l’apartheid, ainsi qu’une volumineuse documentation qui émane de ces diverses organisations provenant du Moyen-Orient, d’Amérique latine, d’Europe, d’Asie et surtout d’Afrique.

    Ce fonds d’archives essentiel constitue une source exceptionnelle en Belgique pour quiconque s’intéresse à la lutte contre l’apartheid et le colonialisme, mais aussi à la solidarité internationale, à l’accès à l’indépendance par la lutte armée et au processus de décolonisation.

     

  • Archives J. Posadas
     

    Deux nouvelles boîtes d’archives du fonds J. Posadas ont récemment été déposées dans notre centre, faisant atteindre à ce fonds le volume actuel de 7,20 mètre linéaire.

    C’est en 2014 que le Collectif Archives de la IVème Internationale Posadiste a signé avec le CArCoB une convention de don et de dépôt d’une part importante de documents originaux de J. Posadas en langue espagnole, ainsi que des publications, en espagnol et en français, reprenant ses articles, ses cours et conférences adressés aux militants et cadres de la IVème Internationale Posadiste. La convention inclut également des publications du POR(T) – Parti Ouvrier Révolutionnaire Trotskyste, section belge de la IVème Internationale Posadiste, dont une collection quasi complète du journal Lutte Ouvrière (1962-2008).

    J. Posadas est décédé en Italie en mai 1981. Il vécut en exil en Europe les dernières années de sa vie. Ses interventions étaient toujours orales et enregistrées, elles étaient ensuite retranscrites. Les documents rassemblés dans ces archives sont des interventions de J. Posadas lors de réunions, congrès, écoles de cadres, et conférences avec des militants communistes, syndicalistes, socialistes, avec des mouvements révolutionnaires de guérillas, des groupes d’intellectuels et d’artistes. J.Posadas n’était pas un « homme public » et a milité presque toute sa vie dans une semi-clandestinité.

    J. Posadas est né en Argentine en 1912. Il est issu d’une famille d’ouvriers italiens émigrés, militants anarchistes. Il a commencé son activité militante comme organisateur syndical et adopta très vite les idées de Trotsky. En Argentine, il organise le GCI (Grupo IV Internacional) en 1947 et crée le journal Voz Proletaria. Il participe au mouvement péroniste ainsi qu’aux débuts du nationalisme révolutionnaire d’autres pays d’Amérique Latine. À partir de là, des sections trotskystes se développent et un Bureau latino-américain de la IVème Internationale se forme. J. Posadas participe également au Secrétariat international de l’organisation jusqu’en 1962.

    La Quatrième Internationale Posadiste

    Le POR(T), s’est constitué en Belgique en 1962, lorsque J. Posadas et le Bureau Latino-américain de la IVème Internationale ont rompu avec la direction internationale de l’époque afin, d’une part, de rester fidèles au programme et aux objectifs de l’organisation fondée par Trotsky en 1938 et, d’autre part, de participer pleinement à l’organisation des nouvelles forces de la révolution, telles qu’elles ont surgi après la Deuxième Guerre mondiale.

    Le principe de la révolution permanente, élaboré par Trotsky, s’est enrichi de la compréhension par J. Posadas, du nationalisme révolutionnaire, dès ses origines dans le péronisme, et ensuite dans toute l’Amérique Latine et dans les nombreux pays du monde qui se libéraient de l’oppression coloniale. L’apport essentiel de J. Posadas consistait à comprendre ces mouvements tels qu’ils se développaient, comme une partie de la révolution, dont le centre demeurait toujours l’Union Soviétique dont la défense inconditionnelle a toujours guidé sa pensée et son action. C’est sur cette base qu’il a élaboré le concept de la régénérescence partielle de l’Etat ouvrier, le concept de l’Etat révolutionnaire, de l’antagonisme historique entre le capitalisme et les Etats ouvriers, de l’inévitabilité de la guerre atomique. Dans le domaine de l’art, de la science, de la culture en général, J. Posadas a laissé beaucoup d’écrits qui enrichissent la conception marxiste des relations humaines.

    Les textes qu’il a élaborés jusqu’aux derniers moments de sa vie restent d’une vive actualité. Ils sont une contribution à la compréhension du monde d’aujourd’hui, à l’organisation d’une nouvelle Internationale. Une partie de ces documents sont encore inédits.

    Présentation rédigée en 2014 par le Collectif Archives de la IVème Internationale Posadiste

  • [1Le CEGESOMA put notamment obtenir la copie des archives allemandes concernant les engagés belges dans la SS au Front de l’Est.